samedi 30 juillet 2016

Encore du neuf avec du vieux

J'avais ramassé ce siège sur le trottoir d'une rue voisine il y a quelques années. Une panne de velours bronze en recouvrait le dossier comme l'assise. Déchirée à plusieurs endroits, en haut comme en bas, elle laissait s'échapper la mousse censée le rendre plus confortable. Arrivée à la maison j'avais commencé  par le nettoyer puis, au bout d'un temps, en avais ôté le tissu. Huit vis bien pointues dépassaient de chaque côté de l'assise, rendant tout séjour inconfortable quel que soit le nombre de coussins installés par-dessus. Quatre autres au bout plat, comme celles qui vont avec les chevilles Molly, faisaient de même aussi bien sur l'assise que sur le dossier. Le bois de ces parties était en outre moins beau et n'avait bien sûr pas été poli. J'ai dans un premier temps songé à teindre ces parties au brou de noix mais quelque chose me retenait, je craignais un résultat médiocre. J'ai ensuite envisagé de tout peindre mais ce fauteuil est pliant et réglable, la peinture se serait rapidement écaillée. J'ai finalement songé à peindre ces deux parties mais j'hésitais quant à la couleur à adopter, je voulais quelque chose qui se marie avec les différents bois des meubles du salon. J'avais aussi peur de ne pas trouver de vis de remplacement qui conviendraient, de ne pas parvenir à le remonter, et j'ai fini par le reléguer dans un coin du séjour – où il a plus ou moins servi de dépotoir.

Je me suis finalement lancée. J'ai d'abord trouvé des vis plus courtes – au bout plat et du bon diamètre – pour remplacer les pointues, mais elles se sont révélées trop courtes et je les ai retrouvées par terre au bout d'une semaine. J'ai alors pris des vis similaires aux précédentes, sous la tête desquelles j'ai placé un écrou pour qu'elles ne dépassent pas. Je n'avais pas de vis plus courtes pour remplacer les longues à bout plat. Je ne pensais pas pouvoir en trouver dans le commerce, et n'avais pas très envie d'y aller pour rien : je les ai raccourcies à l'aide d'une scie à métaux. Le fond de deux flacons de peinture acrylique dorée, de celle que l'on trouve dans les magasins de loisirs créatifs, m'a permis de recouvrir le dessus de l'assise (l'autre face avait fort à propos été peinte en noir !) et les deux côtés du dossier, rendant le siège déjà utilisable. Un coussin en a accru le confort, mais je trouvais qu'il manquait encore quelque chose au dossier. J'ai d'abord envisagé de peindre quelque chose dessus à main levée, avant de me souvenir de ce pochoir au motif de dentelle.

Je n'aurais jamais attendu aussi longtemps si j'avais su que ce serait si simple. Avant même de le décorer j'ai de nouveau adopté ce fauteuil, une sciatique assortie d'une tendinite à la jambe gauche m'interdisant tout siège moelleux ou un peu bas et m'obligeant à cesser la plupart de mes activités…

samedi 23 juillet 2016

Salade aux fèves et petits pois frais et crus

Pour quatre personnes
- vinaigrette (6 cuillerées à soupe d'huile d'olive, 3 cuillerées à soupe de vinaigre de cidre, 1 cuillerée à café de moutarde de dijon, herbes de Provence, sel aromatisé, poivre noir)
- 1 cuillerée à soupe de tahina
- 2 oignons blancs émincés avec leur tige
- graines de courges au goût
- 2 ou 3 tomates coupées en dés
- 2 grandes carottes râpées gros
- 6 radis râpés gros
- 1/3 de bocal de pois chiches
- 2 poignées de fèves écossées et pelées, crues
- 2 poignées de petits pois écossés, crus
- 6 cornichons émincés
- fêta émiettée, au goût (facultatif)

 Pas de fêta sur la photo, l'Ado n'aime pas, l'Homme et moi l'avons ajoutée dans nos assiettes…

Pour peler les fèves il suffit de les entailler avec un ongle ou la pointe d'un couteau. Certains conseillent de les blanchir, d'autres de les faire tremper une demi-heure dans un saladier rempli d'eau froide. 
Cette salade aussi colorée que protéinée peut se déguster en entrée ou en plat de résistance, accompagnée de falafels ou autres galettes végétales (pas mal d'idées chez Carole). Bon appétit !

mardi 19 juillet 2016

Histoire(s) de soi, histoire(s) de l'autre – Mode d'emploi

Doit être laissée à température ambiante ; pas trop froide, pas trop chaude. Le froid l'empêche de bouger, de faire fonctionner ses membres convenablement. Le chaud lui donne des dysfonctionnements techniques. A besoin de carburant. Régulièrement. Sans ça, elle ne peut pas fonctionner à plein temps. A une durée de vie limitée mais indéfinie. Doit rester en mouvement. Vous devez la laisser se reposer le temps qu'elle souhaite. Mais préférablement avec un minimum de quatre heures.
Elle peut être perfectionniste avec certains trucs. Est également très à cheval sur les horaires. 
Mais surtout le plus IMPORTANT est de ne surtout pas la forcer. 
ATTENTION : dans ces cas-là, ne pas intervenir. Attendre que le problème se règle tout seul !
Ses incapacités à fonctionner normalement sont multiples :
(ne pas oublier sa capacité à comprendre ce qui l'entoure)
- elle peut oublier certaines choses,
- ne comprend pas tout ce qui lui est dit.

L'année écoulée a vu la classe de la douce s'impliquer dans ce projet en partenariat avec la Maison du geste et de l'image et la Ville. Ses professeures de français et de mathématiques, l'écrivaine Carole Achache et la photographe Chloé Devis ont conduit des ateliers thématiques autour de l'autoportrait, du quartier, des objets du passé, des goûts et dégoûts… Carole Achache est décédée à la fin de l'hiver, les ateliers ont continué. Une restitution de ce travail de longue haleine s'est tenue le 17 juin dernier à la MGI.


jeudi 14 juillet 2016

Addendum

J'ai découvert en début de semaine un message laissé sur le répondeur de mon portable le 30 juin dernier. Un jeune homme m'y indiquait que la douce figurait parmi les élèves choisis pour l'oral de sélection de la section européenne mais que ses bulletins de l'année écoulée manquaient à son dossier. Problème : ma machine ne m'a pas avertie de cet appel, et ce n'est qu'en l'interrogeant pour un autre appel que je l'ai trouvé. Et puis surtout, les bulletins avaient bien été joints à son dossier d'inscription. La CPE qui nous avait reçues les avait pris, ils n'auront pas convenablement été ajoutés aux autres documents par la suite.
Ni une ni deux j'ai appelé le lycée où l'on m'a conseillé d'écrire à la principale. La réponse de la dame n'a pas tardé, et une suite positive sera donnée à notre demande à la rentrée.
Si elle passe cet examen avec succès la douce bénéficiera non seulement de l'enseignement d'une discipline non linguistique en anglais (en l'occurrence l'histoire-géo), mais sera préparée au Cambridge First Certificate et devrait participer à des projets Comenius et e-Twinning (à partir de la 1re pour le deuxième). Les sites des établissements ne sont pas nécessairement à jour mais celui du lycée mentionne un court séjour à Londres en 2014, on verra si ce voyage et les autres projets cofinancés par l'Union européenne sont toujours proposés malgré le Brexit.

samedi 9 juillet 2016

Fin de cycle, nouveau cycle

La douce a obtenu son brevet, mention bien. C'est un diplôme à l'utilité à peu près nulle* et dont l'attribution ne compte ni pour le passage au lycée ni pour l'affectation qui s'ensuit mais il marque la fin du collège – et nous sommes heureux pour elle. Une autre année scolaire aux bons résultats, même si un peu moindres que les précédentes, s'est achevée pour elle avec les compliments du conseil de classe. Une année dans une classe au niveau homogène à la tête de laquelle quelques élèves caracolaient avec des moyennes générales tournant autour de 18/20, un groupe important aux moyennes comprises entre 12/20 et 16/20 et une toute petite poignée aux résultats inférieurs. Si elle n'a pas obtenu le premier lycée figurant dans sa liste de vœux elle est tout de même affectée dans le troisième.
Il s'agit d'un établissement de taille et de niveau moyens (mais avec de bons résultats au bac S), qui affirme aimer enseigner différemment, a noué des partenariats avec Sciences po et, à partir de la première, la rue d'Ulm, et où des élèves de l'école d'ingénieurs de la Ville de Paris et de l'école des Mines viennent assurer à ceux qui en éprouvent le besoin une aide aux devoirs plusieurs fois par semaine. Il accueille les filières scientifique, littéraire et économique et social mais pas de prépas. Moins facile d'accès et moins proche que les deux premiers souhaités, il est situé près de la place Stalingrad. Les enseignants y montent de nombreux projets : échange culturel et linguistique lors duquel un groupe part à Chicago interpréter une pièce de théâtre devant ses homologues américains, projets avec le CNRS, le Centquatre, les jardins d'Éole, la Maison du geste et de l'image, des festivals de théâtre, la Cité des sciences… certains de ces projets varient au fil des ans quand d'autres sont reconduits. Une mise au vert encadrée par des enseignants est proposée aux futurs bacheliers en fin d'année pour leur permettre une bonne préparation aux examens.
Il accueille une section européenne à laquelle seuls onze élèves accèderont en septembre prochain et où la douce n'a pas été acceptée – à croire que ses moyennes d'anglais et d'histoire (près de 18 et de 14) et les appréciations élogieuses qui les acompagnaient ne suffisaient pas ne serait-ce que pour accéder à l'oral de sélection. L'Homme et moi avons appelé afin d'en connaître les critères d'attribution, histoire de comprendre… Comme nous ne sommes apparemment pas les seuls parents à avoir posé la question il se peut qu'une nouvelle sélection se déroule après la rentrée.
De nombreuses options obligatoires comme facultatives y sont proposées. Certaines sont très prisées – et très chouettes : théâtre, russe, suédois, arts visuels, arts plastiques… Le choix de la première option obligatoire est restreint – sciences éco ou éco-gestion – mais concernant la deuxième il faut indiquer ses souhaits par ordre de préférence au moment de l'inscription. Nous ne savons pas encore laquelle lui a été accordée, je crois que nous en serons informés juste avant la rentrée. Comme elle peinait à choisir ladite deuxième option obligatoire et qu'elle hésitait entre plusieurs options facultatives, la douce a été reçue par une conseillère principale d'éducation qui l'a aidée à se prononcer. Je les ai rejointes un peu plus tard, et la dame nous a assuré que l'objectif de ce lycée était le bien-être et l'épanouissement de ses élèves, un discours que je n'avais jamais entendu dans une école publique jusqu'ici. La professeure principale de l'année écoulée y connaît pas mal d'enseignants et a dit à l'Ado qu'elle y serait bien accueillie et qu'elle s'y plairait. Elle lui a d'ailleurs demandé de lui communiquer les noms de ses profs quand elle les saurait. J'ai discuté avec des surveillants lors du retrait du dossier d'inscription, qui m'ont dit que c'était un lycée bien tenu, sans histoires et à l'équipe enseignante dynamique.
Lors des portes ouvertes la douce avait été ravie par cet établissement, moi un peu moins, mais c'est elle qui y passera le plus clair de son temps au cours des années à venir, l'important est qu'elle s'y plaise.
J'avoue ne pas savoir que penser de cette affectation : le principal adjoint, la conseillère principale d'éducation et la prof principale m'avaient assuré à plusieurs reprises que, étant donné le niveau de la classe, la plupart des élèves étaient quasi sûrs d'obtenir l'établissement demandé en premier. À l'arrivée, seuls deux ou trois ont obtenu leur premier choix. On m'avait aussi expliqué que certains établissements n'accueillaient que des élèves qui les avaient demandés en premier, le résultat des affectations dément ces explications. D'ailleurs, même parmi les premiers de sa classe certains fréquenteront l'an prochain le lycée qui figurait en deuxième ou troisième position sur leur liste.
Le lycée demandé en premier par la Perle est un petit établissement situé dans le Marais, entre le musée Carnavalet et la place des Vosges, à moins d'une demi-heure de trajet et d'accès direct. J'avais demandé lors des portes ouvertes quel niveau était requis pour les élèves, on m'avait répondu à partir de 14/20 de moyenne générale. Celle de la douce étant plus élevée je ne doutais pas trop du résultat, malgré les quelque six cents demandes attendues pour environ cent quatre-vingts places en seconde. Elle avait trouvé l'établissement demandé en deuxième trop grand – il accueille mille deux cents lycéens, en plus des collégiens et des prépas – mais les options présentées sympa. Il est en outre situé à quelques stations de tramway de la maison.
Mais depuis 2008 les affectations se font à l'aide d'Affelnet, un logiciel qui ne tient compte que des moyennes annuelles par matière (pas des appréciations ni des mentions et, hormis pour les classes à horaires aménagés ou les sections internationales, encore moins du cursus envisagé ou des options souhaitées alors que ces données peuvent aider les ados à affiner leur choix), auxquelles s'ajoute un système d'attribution de points supplémentaires selon que l'on demande un établissement de son district ou encore que l'on est boursier. Ainsi un jeune peut-il avoir un bon bulletin et ne pas être assuré d'accéder au lycée qu'il aura demandé en premier. (Quatre districts se répartissent les établissements d'enseignement général et technologique à Paris, les établissements techniques échappant à cette règle. Un bonus «premier vœux» et un critère «rapprochement de fratrie» ont existé jusqu'en 2013, où ils ont été supprimés. Un handicap reconnu donne droit à une priorité d'affectation.)
En outre cette année Affelnet n'a pas convenablement rempli sa mission, et a affecté quatre-vingt-trois pour cent d'élèves boursiers à l'un des lycées de notre district, mettant à mal la mixité sociale qu'il est au départ censé favoriser, sans parler des conséquences sur les autres lycées.
À la nouvelle de cette affectation j'ai d'abord été déçue, plus que la douce, mais j'ai d'abord surtout redouté qu'elle se retrouve dans un établissement semblable au premier collège. Renseignements pris, je n'en ai eu que des échos positifs, enthousiastes. Si l'on se demande pourquoi nous l'avons laissée placer cette école si haut dans sa liste de vœux, la simple réponse est qu'elle y tenait.
J'espère que sa première impression comme les préceptes annoncés s'y confirmeront, qu'elle s'y plaira et qu'elle saura saisir les occasions d'enrichissement personnel mises en place.

Il y a tout juste un mois, le matin de l'épreuve d'histoire des arts. 

* Le brevet assorti au bafa permet à Paris de postuler à un emploi d'animateur dans les écoles et centres de loisirs.

jeudi 7 juillet 2016

Autour de Paul Klee

Une visite de l'exposition Paul Klee, l'ironie à l'œuvre, à Beaubourg, a déterminé la nature de nos exercices durant les semaines qui l'ont suivie. Nous avons dans un premier temps disproportionné la parfaite plastique de nos modèles, comme Klee l'avait fait à une certaine période, avant de (tenter de) mettre en avant l'aspect mécanique des corps.


J'ai d'abord eu du mal à suivre les consignes…
Crayon.

 … mais, petit à petit…
Crayon.
 
 Carré Conté.
 Feutre noir.

Puis Claudia est venue nous enchanter de sa grâce. Nous avons eu droit à un véritable effeuillage, très éloigné par sa beauté des performances de certaines scènes.
Feutres noirs, différentes épaisseurs de pointes.

Crayon.

Il s'est donc ensuite agi faire ressortir l'aspect mécanique du corps. Je n'ai pas retrouvé les dessins qui nous ont servi de support mais ils étaient dans cet esprit-là. C'est le type d'interprétation auquel je n'arrive pas.
Crayon. 
Aquarelle, crayon, feutre noir.
 Crayon. Virginie attend un petit pour la fin de l'été. Je ne sais pas quand nous la reverrons.

Annie est venue prendre la pose la semaine suivante. Il fallait cette fois retrouver les chiffres, voire les lettres dans le corps, inventer en quelque sorte un alphabet, mais je n'ai pas su me défaire de l'exercice de l'année dernière et le format de mes feuilles m'a gênée.
Crayon.

Nicolas a succédé à Annie, au côté d'Oscar le squelette, ballon rond à la main (ou au pied). Virginie avait également utilisé cet accessoire mais je ne l'ai pas fait figurer dans mes dessins – soit que je ne le voyais pas parce qu'elle nous tournait le dos, soit que je n'ai pas trouvé à le placer.
 Aquarelle, crayon, feutre noir.
 Aquarelle, crayon.
  Aquarelle, crayon, feutre noir.

J'ai manqué la semaine suivante, et celle d'après s'est passée sans cours, les ateliers Beaux-Arts préparant leurs portes ouvertes. On peut voir des photos des œuvres exposées . 
Mnémosyne, déesse de la mémoire et mère des Muses, avait donné son nom au thème de l'année. Les séances traitant du sujet ont eu lieu durant mon absence – toutes absences confondues j'aurai finalement manqué près d'un trimestre.

dimanche 3 juillet 2016

Les erreurs

«Je repense à Xan toutes ces années plus tard, trente ans ou plus, et je me maudis encore de ne pas avoir eu de pellicule dans mon appareil le jour de ma visite à la base RAF Cawston. Pourquoi cela me chagrine-t-il tant ? J'ai plein de photos de Xan enfant, jeune homme, il est figé dans le temps pour toujours. Mais j'ai comme l'impression qu'il aurait été bon de l'avoir photographié près de son avion, de ce Typhoon qui est devenu son cercueil. Erreur stupide. Une de plus.
J'ai repensé à ces erreurs que nous commettons tous, ou plutôt au concept d'erreur. Un élément dont on ne prend conscience qu'avec le recul : grosse erreur ou petite erreur. C'était une erreur de l'épouser. C'était une erreur d'aller à Brighton un jour férié. C'était une erreur d'écrire cette lettre à l'encre rouge. C'était une erreur de sortir sans parapluie. On ne sent pas venir les erreurs, elles se caractérisent par leur imprévisibilité. Alors je me suis posé la question suivante : quel est le contraire d'une erreur ? Et je me suis rendu compte qu'il n'existe pas de mot pour ça, précisément parce qu'une erreur naît toujours de bonnes intentions qui tournent mal. On ne peut pas faire une erreur volontairement. L'erreur arrive, et on n'y peut rien.» p. 297

Les Vies multiples d'Amory Clay
William Boyd
Seuil