dimanche 23 décembre 2012

J'aime, j'aime, j'aime les vieux boutons en verre, en nacre ou en faïence. Ceux en métal aussi, mais ils sectionnent les fils à la longue. Je crois que je commence à en avoir une jolie collection. Certaines font du lèche-vitrine dans les centres commerciaux, je flâne sur eBay. J'y vois des merveilles mais résiste plutôt bien à la tentation du clic compulsif, merci les listes d'objets à suivre. Il ne me plaisait pas particulièrement mais j'ai vu une fois un bouton dont le prix de départ était de 20 euros – probablement parce que son centre était en écaille de tortue. Toujours sur eBay je m'étonne que l'on présente comme anciennes des choses datant des années 1970. Je date d'avant et ne me sens tout de même pas si ancienne que ça… Dans mon esprit «ancien» renvoie, du moins pour les objets, à la première moitié du vingtième siècle et même avant.
Petite fille il m'arrivait de passer mes vacances chez mes grands-parents. J'avoue m'y être parfois ennuyée, malgré toute l'affection que je leur portais. Leur retraite prise ils étaient retournés vivre dans leur village natal où je ne connaissais personne de mon âge et le temps pouvait me sembler long si aucun cousin ne s'y trouvait au même moment. Souvent, les soirs d'été, à l'issue d'une balade en vélo, je m'arrêtais au cimetière. J'étais fascinée par les pierres tombales qui indiquaient une naissance au dix-neuvième siècle et un décès au vingtième, sans me rendre compte que mes propres dates de début et de fin seraient également à cheval sur deux siècles différents.
Le Merle moqueur a ouvert sa première librairie quelques mois, un an tout au plus, avant que la Demoiselle ne s'annonce. Leur local n'était vraiment pas vaste à l'époque et, par la suite, pour peu que je m'y rende sac au dos et bébée sur le ventre, je me suis bien des fois fait l'effet d'un éléphant dans un magasin de porcelaines. Son voisin était un fleuriste, à l'enseigne du Jardin extraordinaire. À deux pas du Père-Lachaise et du mur des Fédérés, j'aimais ce brin de poésie. Le Merle a déménagé un peu plus haut dans la rue, il est maintenant installé dans un ancien garage, bien plus spacieux et très lumineux, qui lui permet d'inviter des artistes pour des lectures, des concerts ou des expos. Il a de plus ouvert une annexe au Centquatre. Un marchand de vins occupe son local précédent. Le fleuriste est aussi parti, remplacé par un autre qui a donné un nom quelconque à son magasin. Dommage. Un peu plus bas dans la rue se situe le meilleur traiteur libanais que je connaisse, qui propose une variété de mezzés jamais rencontrée ailleurs. Quand je suis arrivée dans ce coin les thés Mariage Frères avaient leur entrepôt dans la rue parallèle à la mienne et en passant devant on était comme enveloppé par les fragrances qui en émanaient. On trouvait régulièrement sur le trottoir les grosses boîtes en bois qui avaient contenu l'une ou l'autre variété de ces thés en vrac. J'en avais récupéré quelques-unes mais je n'ai jamais su les recycler et j'ai fini par m'en débarrasser – bien à regret. L'entrepôt a déménagé depuis, à Bercy je crois, et une salle de sport le remplace. J'avais pas mal lu sur l'histoire de mon ancien quartier et quand je le parcours accompagnée je me plais encore à transformer le trajet en visite guidée. De mon coin actuel je sais qu'il a servi de lieu de regroupement avant d'envoyer les gens à Drancy durant la dernière Guerre mondiale. Mon vis-à-vis est une caserne militaire et si la construction est moderne elle n'en ressemble pas moins à une forteresse. Je ne le savais pas quand on a visité l'appartement. On peut toujours se poser la question de la direction qu'auraient prise les choses si… mais il m'arrive de me demander quelle tournure elles auraient prise si on avait attendu une autre proposition d'appartement. Le Musicien était à l'époque intermittent du spectacle et peut-être aurions-nous accédé à l'un de ces logements réservés aux artistes. Quelques rues plus loin, derrière notre tour, se trouvent de petites maisons de ville avec jardins, élues par des artistes en des temps où l'immobilier parisien était plus abordable. L'Atelier que Vincent Josse avait consacré à Willy Ronis en parle très joliment. Pas très loin de la caserne se trouve la Campagne à Paris, même si avec la circulation des Maréchaux je me demande depuis longtemps si le nom de «campagne» est toujours mérité. Étrange de penser qu'à l'origine cette partie de la ville accueillait des maisons d'ouvriers, quand de nos jours leur prix y atteint des nombres à sept ou huit chiffres.
Alors que mes billets reçoivent de moins en moins de commentaires il semblerait que de plus en plus de personnes viennent s'égarer par ici. J'aimerais bien qu'il y ait un peu plus d'échanges, de partages (merci à mes fidèles de la première heure) ; j'ai parfois l'impression de monologuer mais ce n'est pas la raison pour laquelle j'ai ouvert ce blougui, je n'ai pas besoin de lui pour ça. Je ne sais pas bien comment intituler ces billets sans queue ni tête, «miscellanées» conviendrait-il ? Il s'agit de choses dont je me suis dit à un moment ou un autre que j'en parlerai ici mais j'en ai laissé passer l'occasion ou, tout simplement, elle ne s'est pas présentée. Je le fais avant que d'oublier. Après tout les blouguis servent un peu à ça, entre autres choses : ne pas oublier.
Je n'arrive quasiment plus à lire mais je continue d'emprunter les livres à la bibli à mon rythme habituel. La pile d'attente s'accroît et je dois parfois rendre les ouvrages avant de les avoir même ouverts, c'est terriblement frustrant. J'ai passé plus de six semaines sur le Boyd mais je déteste ce genre de littérature de l'absurde, Beckett et Ionesco ne sont pas pour moi, je crois qu'elle m'angoisse, ni plus ni moins. J'y éprouve un peu la même sensation qu'à l'issue de ces rêves récurrents que je faisais plus jeune. Dans l'un d'eux je me trouvais face à un individu masqué. Il retirait son masque, un autre se trouvait dessous, et ainsi de suite. Dans un autre je me trouvais dans un espace sombre, où il fallait écarter des voiles (toiles d'araignées ?) pour avancer, mais chaque voile en cachait un autre.
Les fêtes de fin d'année approchent et à peu près rien n'est prêt pour les miens. Je suis partagée entre l'ennui et l'indifférence quant à cette situation, ce qui m'importe habituellement c'est de passer du temps avec eux, mais les choses se passent rarement comme je les ai imaginées.
J'aimerais bien savoir intégrer un lecteur de musique à certains de mes billets, parfois les vidéos que je trouve pour illustrer les chansons ne me plaisent pas, parfois elles n'existent simplement pas ; je n'ai pas trouvé d'explications suffisamment claires pour mon cerveau lent.
Pour le dernier cours avant les vacances de la Toussaint la prof de français de la Demoiselle avait fait visionner aux enfants Les Noces de Figaro, je ne sais pas si elle avait vraiment aimé. Elle apprécie pourtant Mozart. Toute petite, pas encore scolarisée, elle avait fait main basse sur un disque de Fazil Say que je m'étais offert un peu avant sa naissance mais il est vrai que ce n'était pas de l'opéra… Cette fois-ci, les enfants ont regardé La Belle Hélène, dans sa version jouée au théâtre du Châtelet en 2000, et elle a bien aimé. Ils sont en train d'étudier l'Illiade et je crois que ça lui a rendu ce texte moins rébarbatif. Elle est arrivée enchantée à la maison vendredi après-midi, et pas seulement en raison du début des vacances. J'ai retrouvé la même version de l'opéra-bouffe morcelée sur YouTube et on a continué de le regarder pendant un moment.
Suis allée au supermarché hier et n'ai étrangement pas eu à faire la queue pour passer en caisse. J'ai trouvé le choix dans les rayons limité comparé aux autres années. Un effet de la crise, sûrement.
La veille du marché de Noël je me suis fortement cogné le pied gauche contre le canapé. Je me suis retrouvée avec un petit orteil violacé et le pied et la cheville si enflés que j'ai cru ne pas pouvoir me chausser le lendemain. Une grande semaine plus tard c'était encore sensible, pour ne pas dire douloureux. Alors que je commençais tout juste à m'en remettre j'ai trouvé le moyen de me cogner au même endroit hier soir et j'en ai vraiment vu trente-six chandelles.
Pour terminer l'année en beauté j'ai trouvé l'antre du Musicien inondé hier matin. Etant donné le jour, étant donné le calendrier, inutile d'espérer aucune intervention de qui que ce soit avant lundi, et peut-être même mercredi. Pas moyen non plus d'alerter mon voisin du dessous, dont je sais pourtant qu'il en aura également été affecté (c'est déjà arrivé l'an dernier, dans une moindre mesure, et on pensait que ç'avait été résolu) car il est parti quelques jours. Le problème provient de la façade, pourtant ravalée il y a quatre ans. J'ai dû tout débrancher  dans la pièce pour éviter une électrocution et en sortir une partie des choses. Nous avons épongé une trentaine de litres d'eau de pluie qui n'avaient eu besoin que d'une heure pour s'infiltrer… On a reçu le renfort de notre voisine immédiate préférée alors que la Demoiselle et moi peinions à en apercevoir le bout. Le papier peint et le plancher ont morflé, et étant donné leur taille je n'ai pas bougé les bibliothèques qui meublent cette pièce mais je crois que l'on ne s'en tire pas trop mal ; je n'ose en revanche penser à l'état dans lequel le voisin trouvera sa maison à son retour. Voilà au moins deux ans que je dis qu'il faut refaire cette pièce, on ne pourra plus  y couper maintenant. Quand j'ai appelé la permanence de notre bailleur on a d'abord commencé par me dire que le problème était locatif (et puis quoi encore ?!) mais je ne me suis pas laissée faire et si tout se passe bien les travaux seront pris en charge par son assurance. Le nôtre, d'assureur, m'a expliqué au téléphone qu'il prendrait en charge notre relogement durant les travaux en cas de besoin mais je rappellerai dans la semaine pour me faire confirmer tout cela.


2 commentaires:

Hélène a dit…

> J'étais fascinée par les pierres tombales qui indiquaient une naissance au dix-neuvième siècle et un décès au vingtième, sans me rendre compte que mes propres dates de début et de fin seraient également à cheval sur deux siècles différents.

Ayant vécu ma jeunesse pendant les dernières années de la guerre froide, j'étais convaincue, jusque passé 25 ans, que je ne vivrais jamais jusqu'au 21e siècle parce que le monde aurait bien avant été détruit par une guerre nucléaire. Je ne me souviens pas très bien à quel moment je me suis aperçu que, finalement, j'allais vivre.

zazimuth a dit…

J'aime lire ces "miscellanées"... mais parfois je ne sais sur quoi rebondir pour commenter. Je me reconnais dans la collectionneuse de boutons du début du billet en tout cas ! Ah là là ! Je te plains avec ces problèmes d'inondation... J'ai une collègue qui aime beaucoup l'appartement dans lequel elle habite en ville (en Lorraine) mais a de gros soucis d'humidité et d'infiltrations dont le propriétaire ne veut pas entendre parler...
Bon courage !
Gros bisous
P.S. : Ma tante m'a de nouveau donné un gros stock de tissus de toutes sortes (http://toutzazimuth.over-blog.com/article-un-veritable-tresor-45806030.html)
J'aimerais savoir s'il y a des genres de tissus que tu aimes particulièrement ou que tu recherches pour tes bidouilles (mais j'ai très peu d'idées de la taille des coupons utilisables pour des vêtements, sans doute plutôt pour des protège-cahiers comme tu as montré ou des trousses...).